Patrick Le Lidec : « La question de la suppression du département est prématurée »

Le sociologue de la décentralisation juge timoré le volet territorial des premières plateformes présidentielles. Pour le chercheur*, le poids des différentes catégories d’élus locaux au sein des partis freine toute réforme radicale.

Comment jugez-vous les propositions « locales » des principaux postulants  ?

La plupart des candidats se contentent d’indiquer qu’ils vont décentraliser sans en dire plus. Ils prônent tout et le contraire de tout, comme le développement de la péréquation et le renforcement de l’autonomie des collectivités. Les prises de position des candidats sur ces sujets sont d’autant moins lisibles qu’ils comptent sur les différentes catégories d’élus locaux pour jouer un rôle déterminant dans la campagne présidentielle. A ce stade de la compétition, la seule certitude est liée au conseiller territorial. S’il est élu, François Hollande l’abrogera. Si l’UMP l’emporte, elle s’en servira pour booster le processus de fusion département-région.

Certains candidats veulent pourtant en finir avec le conseil général…

La question de la suppression du conseil général peut paraître encore assez prématurée dans la plupart des départements. En dehors des grandes communautés urbaines, les intercommunalités ne sont pas encore en mesure d’absorber de gros transferts de compétences, et leurs périmètres ne seront, pour la plupart, stabilisés qu’après 2014 avec la clause de revoyure de la carte intercommunale. Les régions, elles, ne manifestent pas une grande appétence pour reprendre les compétences des conseils généraux et voudraient plutôt faire leur marché dans celles qui relèvent pour le moment de l’Etat.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Forray

*Au CNRS/Centre d’études européennes de Sciences Po

3 Commentaires

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3 réponses à “Patrick Le Lidec : « La question de la suppression du département est prématurée »

  1. brigitte

    De l’illusion de faire réformer un système par ses propres acteurs…autant leur demander de se faire hara kiri …Le résultat des élections sénatoriales en est un bel exemple: sanction à la droite pour sa réforme 2010 (très loin des ambitions du comité Balladur) et prudence extrême de la gauche pour ne pas contrarier dans ses propres rangs mais aussi chez les indécis, les élus ruraux et autres détenteurs de mandats cumulés ! Et si on consultait la population pour une fois ?

    • Tout à fait d’accord avec vous, Brigitte.
      On parle beaucoup de réferendum en ce moment…alors pourquoi pas pour réformer les collectivités territoriales, avec en premier lieu la suppression du Département ?
      Quelques précautions à prendre toutefois avant le scrutin : faire de la pédagogie auprès des électeurs et surtout exiger que ce la ne soit pas fait par les élus eux-mêmes.

    • Swordman

      D’accord également avec vous Brigitte.
      D’autant que les résultats des référendums en Guyane et Martinique ont donné des résultats assez éloignés des desiderata des élus…

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